Fatigué
Se mettre à faire le lit.
Notification interne de l’arrivée d’une idée: s’interrompre. Tester l’idée, constater qu’elle m’emmène à d’autres il faut. L’abandonner.
Reprendre la tâche initiale.
Se dire d’être dans l’instant, se rendre compte que c’est une injonction venue d’ailleurs, d’un manuel de savoir-vivre. C’est un autre il faut, donc l’abandonner.
Prendre la taie d’oreiller et la secouer.
Essayer d’être là avec soi, d’être là pour soi, mais au final, juste être las.
Être dans de beaux draps, empêtré dans des tentatives d’une conscience qui, pour être pleine, doit être vide.
Viser ce vide, en avançant à reculons car il fait peur, ce vide, et se remplit à la moindre inattention.
La bibliothécaire sortit la caisse, prit son cutter, l’ouvrit. “Chroniques nocturnes”.
Titre bizarre, poésie ou autobiographie faite de morceaux choisis, assemblés dans un ordre chaotique. Le quatrième de couverture fait des références à Bobin et Kafka; un écrivain de la lumière, un autre de l’obscurité. Le micro, le macro. Clair, obscur.
L’essence de ce texte se révèle non pas dans la forme des mots ni dans le sens qu’ils portent, mais dans leur sonorité. Ce texte doit être lu à voix haute pour que les émotions viennent faire vibrer le lecteur, la lectrice et par conséquent, l’univers.
Je vais le classer dans le rayon “Essais pour insomniaques” se dit la bibliothécaire.
Elle se ravise:
Mmmh, plutôt dans la catégorie “Science-Affection”.
Texte écrit lors de l’atelier d’écriture Fragments de soi, animé par Mouna Imad-eddine.